Curse of Syzka
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 « Un Icare abîmé par la mer. » BG.

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Abaddon F. West
    qu'importe la
    victime si le geste
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Abaddon F. West


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MessageSujet: « Un Icare abîmé par la mer. » BG.   « Un Icare abîmé par la mer. » BG. Icon_minitimeVen 30 Jan - 12:01

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Abaddon Faust West


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« Imperceptiblement, je tombe. Perceptiblement aussi. »



    { Prologue. Prémices d'une autodestruction. }
    { Chapitre un. Terrorisme du myocarde. }
    { Chapitre deux. Tel Icare, je tombe... }
    { Chapitre deux. Et je m'abîme dans la mer. }

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Dernière édition par Abaddon F. West le Sam 31 Jan - 2:58, édité 1 fois
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{ Prologue. Prémices d'une autodestruction. }


« Chacun de nous porte en soi le Ciel et l'Enfer. »
Dorian Grey, dans « Dorian Grey » de Oscar Wilde.



      « Vous savez combien il est difficile d'être ce que l'on est? Oui. Car vous avez tous eu des problèmes, un jour, dans votre vie. Mais vous n'avez jamais eu les miens, aussi, vous ne savez pas combien il est cruel d'être qui je suis, et de vivre. J'ai prié mille fois pour que mon cœur s'arrête, ce cœur si faible, si fragile, mais ce dernier ne semble pas être prêt à faire le grand saut. J'ai peur... ce cœur trop fragile et trop pur me terrifie.

      Je vis avec l'espoir (in)concevable, qu'un jour, je trouverai quelqu'un qui me le brise.
      »
      Extrait du Journal « Autodestruction. » d'Abaddon West. Juin 2059.



« Nous allons tous souffrir en échange de ce que les dieux nous ont donné.
Souffrir terriblement. »
Basil Hallward, dans « Dorian Grey » de Oscar Wilde.



    A Sheridan, quand il fait froid, il y a presque aussitôt de la neige. C'est une ville qui navigue entre les chaleurs du Mexique et les gelures du Canada. C'est une drôle de ville, se dit le petit West, une ville où le monde entier n'a pas la chance d'habiter. Mais lui, il y est. Il se crispe quand il entend la porte s'ouvrir violemment et se tourne, rougissant un peu, enfant prit en flagrant délits.

    « Monsieur West! Vous voici! Ne me faîtes pas de telle peur! Que devrais-je dire à votre père si je vous perds? Vous y avez penser? »
    « Que je me suis enfui! » L'enfant eut des étoiles dans les yeux. « Que je suis allé voir le monde du dehors! Que Jules et moi, on a vu la neige! Dîtes Walter, pourra t-on allait voir la neige aujourd'hui? Jules et moi avons vraiment envie de voir la neige, vous savez... »
    « Vous savez ce qu'à dit votre père au sujet de dehors! » Walter resta quelques secondes figer devant l'expression boudeuse de l'enfant et hocha de la tête, soupirant. « Bien, mais seulement si vous réussissez à faire votre partition aujourd'hui. »
    « J'y arriverais. »

    L'enfant poussa un petit cri et s'élança derrière son domestique, courant dans les couloirs. Ses chaussettes le firent glisser et il contrôla son dérapage, débouchant en trombe dans une petite pièce, silencieuse, doucement éclairer. Un grand piano noir trônait au milieu de la pièce. L'enfant se précipita vers les fenêtres et appuya sur le bouton automatisé : les volets électriques dégagèrent la vue sur le jardin, somptueux décor de blanc et de rouge. Les roses, même en cette saison, vivaient déployer. C'était le « pouvoir » de Maman, sourit l'enfant. Il se retourna et alla prendre sa place sur le banc de velours vert foncé et ouvrit le livre des partitions. Sur le piano, une forme se mouva, noire électrique, et alla aussitôt se lover sur les genoux de son jeune maître. L'enfant eut un petit rire et caressa la tête de l'animal.

    « Et bien, Jules! Je t'es encore battu à la course! »

    A ce moment, Walter entra dans la pièce et s'approcha doucement de l'enfant, prenant place sur le banc de velours. L'enfant le regarda et eut un grand sourire. Il savait déjà jouer, mais il ne le disait pas. Il aimait bien voir Walter inquiet pour lui, ça lui rappelait qu'au moins quelqu'un se soucier de lui. Il prit une grande inspiration et commença à appuyer sur quelques touches au hasard. Devant le regard sombre de Walter, il eut un petit rire nerveux et repoussa une mèche derrière son oreille, commença à jouer lentement le morceau. Du Bach. Il n'aimait pas tellement Bach, mais cela faisait partit de son programme. Il préférait Mozart, mais surtout Wagner, car il avait révolutionné la musique avec sa réforme, et même si les français ne l'aimaient pas, lui, il l'adorait. Il avait déjà eu le droit, une seule fois, de partir. Il était allé à Bayreuth, et il avait vu, non, entendu... qu'importe. Il avait vu, entendu, sentit, toute l'ampleur de l'œuvre de Richard Wagner. Il avait aimé « Persifal », il avait aimé « Siegfried ». Wagner était devenu un héros pour l'enfant de sept ans. Son Bach devint peu à peu la « Lettre à Élise » de Beethoven et malgré les toussotements de son instituteur, il continua. Car Beethoven restait malgré tout Beethoven, et qu'on allait pas au delà des grands maîtres. Il toucha les deux dernières touches blanches et se leva de son siège, faisant deux pas en arrière et saluant d'une contusion appelée révérence son public qui se résumait en Walter. Ce dernier resta quelques secondes muet, au point que l'enfant cru qu'il eu fait mal. Puis il applaudit. Et l'enfant sourit.

    « Vous ne changerez décidément jamais, Monsieur Abaddon. C'était... magnifique. »
    « N'en faîtes pas trop Walter, je vais devenir arrogant. » L'enfant eut un sourire taquin. « Nous allons à la Neige maintenant? » L'instituteur resta quelques secondes en arrêt, visiblement crispé.
    « Vous le voulez vraiment, monsieur...? »
    « Vous avez promis, Walter! »
    « Mais c'est que votre père.. »
    « Père n'est jamais là! »

    L'instituteur resta quelques secondes sans rien dire puis se leva lentement. Son regard chercha quelques choses, ou peut être réfléchissait il? L'enfant resta en arrêt, prêt à bondir dans le couloir pour sortir. Walter hocha la tête, comme mécontent, puis souffla quelque chose qui ressembla à :

    « Prenez votre manteau, et couvrez vous bien. »

    L'enfant bondit sur ses pieds, heureux de pouvoir sortir, enfin! Il bondit vers le couloir et couru à toute hâte vers la sortie, s'arrêtant juste avant la porte. Le petit hall avait une porte qui donnait sur une autre pièce, justement faite pour accueillir les manteaux. L'enfant prit le sien, ainsi que des gants, une longue écharpe et un bonnet. Le tout fut enfilé en une dizaine de seconde et il se présenta devant la porte comme un petit chien ayant passé toute sa matinée à se retenir. Son regard pétillait de joie et d'excitation. Le fait était qu'Abaddon sortait rarement de chez lui. Son père n'était que rarement à la maison, et sa mère travaillait en dehors de la ville toute l'année sauf deux semaines en Décembre. Les deux n'étaient donc pas là pour s'occuper de leur unique fils. Walter était la seule compagnie autorisée à Abaddon, avec Jarodd le cuisinier, et Iason, qui faisait un peu tout à la maison. Walter était surtout l'instituteur : il lui faisait les cours sur les mathématiques, le français. Walter était un jeune homme, la vingtaine tout au plus, crispé et angoissé, sans cesse, tout le temps, et pour rien. Jarodd était d'avantage calme, avec un humour à « casser la baraque », même si Iason disait que ça « cassait pas des briques ».

    Abaddon faisait alors souvent remarquer qu'une « baraque » était, après tout, faite en « brique », alors les deux rigolaient, jusqu'à l'arrivée de Walter. Iason, lui, était le chauffeur. Il avait la trentaine. A l'origine, c'était un médecin à l'armée, durant trois ans, puis il avait connu la guerre en Iran, alors il avait décidé d'abandonner. Tout le monde avait sa petite histoire. Même Jules! L'enfant eut un sourire nostalgique en se rappelant pourquoi on le lui avait offert : pour pas qu'il s'ennuie tout seul, avait souligné sa mère. Alors au lieu de l'appeler Peluche comme tous les autres enfants, le chaton était devenu Jules, un être à part entière. Jules, c'était le chartreux noir de la maison. C'était un peu le petit frère d'Abaddon. C'était lui qui lui donner à manger! Jules aimait aussi la musique, comme Abaddon, même s'il aimait un peu moins la musique mexicaine de Jarodd que le cuisinier.

    Abaddon regarda Walter mettre son grand manteau et il eut un doux sourire. Le chat venait alors de se coincer entre ses jambes, ronronnant. L'enfant attrapa le chat noir dans ses mains et le colla contre sa poitrine, inspirant longuement, comme pour faire le grand saut dans un univers totalement inconnu. Le jardin lui même était inconnu à Abaddon qui ne connaissait que l'intérieur de la maison... par commodité, aurait dit son père. Par simple envie de garder leur fils à l'abri de tous les regards. Walter ouvrit finalement la porte et Abaddon sursauta. Un vent froid venait de s'engouffrer dans la maison. Il frissonna, de froid et d'excitation, avant de se lancer dehors, le chat dans les bras. Il eut comme un sourire satisfait, et relâcha doucement le chat dans la neige. Ce dernier s'y enfonça d'un seul coup et ses pattes disparurent dans la neige. L'enfant poussa un gloussement.

    « Regardez Walter! Regardes Jules! »

    L'enfant se pencha pour attraper l'animal mais il chuta lui même et se retrouva la tête dans la neige. Il poussa un cri de surprise alors l'instituteur le sortit de dans la neige et essuya le visage de l'enfant avec ses mains, prit d'une certaine panique. Derrière son écharpe, l'enfant eut un sourire.

    « Il ne faut pas avoir peur pour si peu... ce n'est que de la neige, monsieur Walter. »

    Le professeur eut l'air déconfit et reposa l'enfant sur le sol. Abaddon essuya de lui même ses joues alors froides et eut un petit rire en voyant Jules s'extirper de la neige, difficilement, et se rapprochant rapidement de la porte de la maison. Le regard de l'enfant se posa sur le chat et il hocha de la tête en direction de Walter.

    « Monsieur Walter, il est l'heure de rentrer, n'est-ce pas...? »
    « Oui. »

    L'instituteur eut un sourire tendre alors qu'Abaddon lui prenait la main, pour faire la dizaine de pas qu'il y avait entre eux et la porte. Ils s'engouffrèrent dans la maison chaude, antre de tendresse.

    [...]

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MessageSujet: Re: « Un Icare abîmé par la mer. » BG.   « Un Icare abîmé par la mer. » BG. Icon_minitimeSam 31 Jan - 3:03

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    L'hiver est un des mois qui passent le plus rapidement pour le jeune West. Il faut dire qu'il aime vraiment l'hiver... c'est sa saison préférée. A cause de la neige. Mais aussi à cause des forêts, des sapins surtout! Et de Noël. Noël est une des seules fêtes où toute sa famille se regroupe autour de lui. Ses grands parents, sa mère et son père, ainsi que ses trois gardes du corps personnels, comme dirait Jarodd. C'est moins amusant car sa mère est d'avantage après lui, et Walter plus avec son père, mais en fin de compte, il aime bien quand il les revoit tous. Ainsi qu'Anaël. Anaël est la « petite sœur » d'Abaddon, sans vraiment l'être à la fois. En effet, Anaël est la fille la plus aimée au monde, et elle n'appartient pas à son monde. Au contraire. Elle a toujours été élevé par ses parents, et a toujours suivi leur mère où qu'elle aille. Ce fut toujours ainsi. Abaddon, au contraire, se devant d'être fort et indépendant, a toujours eu une vie plutôt dure... Sans doute car il était l'héritier, et le seul garçon. Abaddon soupira en regardant par dessus son épaule. Ses parents arriveraient ce soir, vers huit heures, et il n'était que quatre heures... Il avait passé la matinée à jouer avec les nerfs de Walter, et à chaque exercice, il demandait l'autorisation d'aller dehors, mais au final, il s'ennuyait. Iason avait sortit la belle voiture, celle des grandes occasions. La rolls royce, noire, longue de trois mètres. Pas la plus longue, mais une des plus sophistiquées, avait il fait remarquer. Abaddon avait toujours préféré l'impala rouge de Jarodd, mais le cuisinier disait que c'était une antiquité dont les filles n'appréciaient jamais assez la valeur. Ce qu'il cachait, c'est qu'il n'était pas seul car il avait cette antiquité, mais car il était toujours au Manoir. Tout comme Iason et Walter. Il sursauta quand il aperçu les cheveux à moitié longs de Walter pendre sur sa droite et il leva les yeux vers lui, étonné.

    « Je vous signale que vous n'avez toujours pas fini votre exercice, monsieur Abaddon... »
    « Mais... » L'enfant fit la moue. « Mais... »
    « Mais vous rêvez, voilà ce qu'il y a. »

    L'enfant se tu et pinça les lèvres. Parfois, Walter était irritant car trop sévère. Ou justement assez stricte, tout dépendait de la vision des choses. Abaddon avait longtemps cru qu'il était « détestable », mais plus il grandissait, mieux il apercevait les petites choses que l'instituteur faisait pour lui. Walter sembla hésiter quelques secondes puis il se laissa finalement tomber sur un siège, à côté de son élève et soupira bruyamment. Abaddon baissa les yeux sur sa feuille. Il n'aimait pas trop les sciences... ce n'était vraiment pas de sa faute. Il n'aimait pas, c'est tout.

    « Je sais qu'il vous tarde de revoir votre Père, monsieur Abaddon, mais comprenez que plus vite vous aurez fini votre exercice, plus vite vous pourrez aller vous habiller pour accompagner Iason. »

    L'enfant hocha la tête, loin d'être convaincu, et posa sur la feuille son stylo. Il écrivit quelques mots et tendit, sans un mot, sa feuille à Walter qui la regarda et sembla étonné. Il pinça les lèvres et reporta son attention sur le jeune homme de sept ans.

    « … le théorème de Pythagore, alors? » L'enfant haussa les épaules. « Mais ça n'est pas de votre âge... enfin, je veux dire, nous ne l'avons pas vu ensemble. D'où tenez vous ce théorème? »
    « Je l'ai appris dans le livre de Papa. » L'enfant eut un sourire fier. « Je l'ai lu, hier. C'est un livre de la bibliothèque de Papa, monsieur Walter. »

    Walter resta quelques secondes muet, comme figé, puis hocha finalement la tête, déconfit.

    « Bien... c'est très bien... vous pouvez aller vous habiller... Je vous envoie Iason? »
    « Non, non! Je peux le faire tout seul. »

    L'enfant eut un sourire taquin et sauta de sa chaise, se mettant à courir jusqu'à la porte. Il s'arrêta brusquement puis se retourna. Walter n'avait même pas bougé, et son corps tremblait lentement. Abaddon avait souvent remarqué cela, avant. Walter tremblant, seul... Abaddon demeura silencieux quelques minutes, puis il tourna les talons et marcha lentement jusqu'à l'étage. La grande salle de bain était au deuxième étage, mais sa chambre à lui en avait une rien qu'à lui, une avec un marbre blanc comme les cygnes. Il monta les marches d'onyx une à une et arrivait à l'étage, il entra dans sa chambre. Devant lui, la grande armoire se dressait, fière et droite. Cette chambre appartenait jadis à son père, et il en avait hérité. Tout ce bois austère, presque sombre. Inquiétant dans le fond. Abaddon avait beaucoup de cauchemar, de morts, de sang et d'horreur... Une faucheuse habillée de noir lui tendant la main, au milieu d'un cimetière, et sur une croix, le nom de sa mère. Il eut un rire nerveux en allumant la lumière et traversa en une vingtaine de pas la distance qui le séparait de la commode qui était, elle, moins inquiétante. Il en sortit des sous vêtements et un pantalon noir, ainsi qu'une chemise noire et une cravate. Il se déshabilla entièrement et alla dans la douche. Elle était faite dans un style italien, selon Walter, de façon à ce qu'il n'est même pas besoin de rideau de douche. C'était plutôt ingénieux, même si les boutons étaient encore assez hauts. Normalement, un enfant de son âge ne se lavait pas seul, ou tout du moins on le surveillait en sortant, mais Abaddon avait toujours eu une certaine pudeur, cette sorte de chose encombrante qui vous fait sans cesse rougir. Pourtant, eux, ils n'étaient que quatre dans le Manoir. Le jeune garçon sortit finalement de la douche, propre et essuyée, et s'habilla rapidement. Il était l'heure pour lui d'y aller.

    […]


    La voiture roulait doucement. La Gare n'était plus très loin. Dans la voiture, Walter attendait calmement, mais Abaddon voyait sur son visage quelque chose d'étrange. De l'angoisse, ou une peur étrange. Iason, quant à lui, conduisait tranquillement. Jarodd était resté au Manoir pour préparer le dîner de ce soir. Ses parents ne restaient à la maison que trois jours. Ce soir, demain qui était alors la veille de Noël, et le midi de Noël. Ils repartiraient alors après le dîner du soir pour une réunion... ou quelque chose du même genre. Abaddon était tout de même heureux. Jamais ses parents n'avaient raté un Noël. Il en oublia même que Walter commença à trembler imperceptiblement derrière son uniforme blanc et noir. Jarodd ouvrit la porte aux deux hommes, et Walter fut le premier à sortir, tendant sa main à l'enfant. Abaddon se dressa sur ses jambes et s'éloigna avec Walter. Iason ferma la voiture et s'avança, un peu en retrait du premier groupe. Le petit groupe se posta devant le quai de la Gare et attendit calmement. Sheridan était au milieu des Bois, ils avaient donc du sortir de Sheridan par la seule route reliant Sheridan à une grande ville. Abaddon voyait ainsi le monde du « dehors » au moins deux fois par an. Quatre fois quand ses parents prenaient des vacances au moment de Pâques, ce qui restait extrêmement rare. Autrement dit, Abaddon ne venait ici qu'au moment de Noël. L'enfant resta stoïque quelques minutes puis quand il aperçut son père descendre du train, il ne pu se retenir et cria. Iason et Walter levèrent la tête vers lui et se dirigèrent alors vers eux. Sortant du train, la mère du jeune Abaddon sortit, portant dans ses bras sa fille de cinq ans, Anaël. Abaddon était enfin heureux. Il eut un large sourire.

    « Eh bien mon garçon! Tu as encore grandi depuis la dernière fois! » Abaddon eut un rire.
    « Je ne vais pas resté petit toute ma vie! »
    « Je l'espère bien! Un West se doit d'être grand et fort. »

    Le père tapota la tête de son fils avec une certaine virilité. Walter et Iason prirent dès lors les bagages qui étaient très peu nombreux en vu du nombre de jours qu'ils resteraient au Manoir. Il y avait, tout au plus, les cadeaux des deux héritiers dans une valise. Abaddon ne s'y attarda pas et regarda sa mère, un sourire plus tendre, plus simple sur les lèvres.

    « Je suis heureux de vous revoir, Mère. »
    « Moi de même Abaddon. » Elle eut un sourire maternelle et se pencha, embrassant, sur la joue, son fils. « Je suis toujours heureuse de te voir, mon petit Prince. »

    Walter et Iason prirent les devants alors qu'Abaddon donna la main à son père. Anaël suivait, quant à elle, tous les pas de sa mère, ses grands yeux ouverts sur le monde. Anaël et Abaddon se ressemblaient, en quelques sortes. L'un était grand et fin, les joues un peu ronde, les mèches brunes longues et des yeux vifs et verts, un petit félin taquin. L'autre était cependant petite et ronde, les joues très rondes, les mèches plus claires et de grands yeux bleus pour toutes prunelles. Un ange, et à côté, un démon. Abaddon n'avait pas été désavantagé par la nature, mais sa sœur ressortait avec d'autant plus de grâce qu'elle était habillé d'une simple robe blanche et lui d'une chemise noire. Abaddon eut un petit rire quand elle le regarda, comme découvrant une nouvelle personne, et il posa son regard sur Walter qui semblait de plus en plus crispé. Il baissa les yeux en le voyant trembler, sans oser poser de questions.


[...]

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Abaddon F. West


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MessageSujet: Re: « Un Icare abîmé par la mer. » BG.   « Un Icare abîmé par la mer. » BG. Icon_minitimeSam 31 Jan - 3:11

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    Le petit ange dormait sur le canapé, et lui, il était juste à côté. Il regardait la télé sans son, devinant sur les lèvres les paroles. Il s'était habitué à tout un tas de truc, dont celui là. Alors que les enfants de son âge auraient hurler pour avoir du son, lui s'amusait à deviner les mots. Et ça n'était plus aussi difficile qu'au début. Il sursauta quand il sentit les griffes de Jules se plantait dans son pantalon et le repoussa doucement, attrapant les pattes de l'animal pour ne pas déchirer d'avantage son pantalon. Il entendit un petit rire alors qu'il grimaçait de douleur. En tournant la tête, il remarqua le visage serein et pâle de sa sœur.

    « Comment il s'appelle? » Elle montra du doigt la boule de poil accrochait au pantalon d'Abaddon.
    « Lui? C'est Monsieur Jules. » Abaddon hocha la tête, fier. « C'est un chat chartreux. Il vient de France! C'est pour ça qu'il faut lui parler français, sinon il ne comprends pas. »
    « Oh... tu parles français alors? » Abaddon eut un petit sourire.
    « Oui. » Elle allait poser la question alors qu'il répondait presque automatiquement. « Je parle aussi d'autres langues, car Walter me les a apprise. Il a dit que plus tard, ça me servirait. Walter m'apprend beaucoup de langue pour que je puisse lire beaucoup de livre dans toutes les langues. »
    « Tu apprends beaucoup... » Abaddon hocha la tête alors qu'elle se relevait doucement. « Tu dois être quelqu'un de très intelligent. Papa dit de toi que tu es un bon fils. » Il eut un sourire fier. Il était heureux que son père parle de lui malgré la distance. « Tout le monde t'aime... »

    La gamine leva les yeux vers la porte et Abaddon tourna la tête pour apercevoir Jarodd qui passer dans le couloir. Il se leva d'un bond et jeta un coup d'œil bref à Anaël qui haussa les épaules, devinant l'intention du jeune garçon.

    « Tu fais ce que tu veux, Abaddon. Je ne bougerais pas, moi. »

    L'enfant s'élança dans le couloir à la recherche du cuisinier et continua lentement son ascension jusqu'aux cuisines. Il trouva Jarodd, avachit sur son siège, les mains occupaient à éplucher les carottes. Son regard pétilla de malice mais il se figea quand il entendit la voix du cuisinier se répercutait à travers toute la pièce.

    « N'y pense même pas, petit Diable. Tes parents me tueraient s'il apprenne que je fais travailler leur progéniture... »

    Abaddon se rapprocha du plan de travail et monta sur un siège, son siège, bricolait par Jarodd même afin de pouvoir le mettre assez haut. L'enfant prit une carotte et prit un économe. C'était préférable, pensa t-il, au couteau. Il pensait éplucher juste une carotte, de quoi manger sans donner du travail à Jarodd, alors qu'Anaël entrait dans la cuisine. Elle étouffa un hoquet de surprise, surprenant alors le cuisinier et son frère aîné. Abaddon pencha la tête, étonné et curieux de savoir ce qu'elle avait alors.

    « Tu... tu viens de toucher à... ça? »

    Le garçon ne répondit pas et regarda ce qu'il venait de toucher, mais il ne trouva rien que l'économe et la carotte. Il se pinça les lèvres et leva vers elle un regard plein d'incompréhension. Jarodd déjà s'était renfermé sur lui même, ayant froncé les sourcils. Anaël se rapprocha, d'une démarche gracieuse et calme, mais le regard plein de mépris et de dégoût.

    « Les corvées sont pour les domestiques, Abaddon. Un noble n'a pas a touché à ça... Ceci, c'est pour les larbins. Je dirais à Maman que tu préfères faire la cuisine avec un domestique que de parler avec moi! »

    Abaddon la regarda quelques secondes puis posa son regard sur Jarodd qui la regardait avec une tristesse mélangée à une colère innommable. Elle venait de toucher là où ça faisait mal. Abaddon fronça les sourcils et descendit de son siège très lentement. Il réajusta sa cravate noire et sa chemise, essuyant ses mains dans un torchon propre, tâchant du jus orange ce dernier. Il posa son regard froid sur la gamine qui recula d'un pas. Elle venait enfin de comprendre qu'elle venait de dire une bêtise. Jarodd alla pour s'interposer quand il entendit la voix du jeune Maître résonnait dans la maison.

    « Le domestique, comme tu dis, Anaël, est plus un ami qu'un larbin. J'entends par cela que quand tu te prélasses au dehors avec Mère, je passe mes journées en leur compagnie, et apprend qu'il n'y a pas de meilleur apprentissage que celui qui t'apprends à faire une multitudes de choses. »

    Il se rapprocha et gifla violemment sa sœur. La joue se marqua d'une trace rouge et elle recula de quelques pas, sous le choc, sous l'impact.

    « Je suis ici chez moi. C'est ma demeure. Et Jarodd est mon ami, alors tu lui dois un minimum de respect. »

    Anaël resta quelques secondes silencieuse puis une larme roula sur sa joue brûlante. Elle partit en courant dans les couloirs et un silence de mort s'installa dans la salle. Jarodd ne riait pas, ne souriait pas. Abaddon pencha doucement la tête et soupira, allant s'asseoir sur son siège, face au cuisinier. Il prit le bout de carotte qu'il s'était éplucher et soupira encore une fois.

    « Cette peste va m'attirer des ennuis, pas vrai...? »
    « Il y a fort à parier, en effet. »
    « Tout ça pour une carotte... »

    L'enfant soupira et croqua dans sa carotte alors que le cuisinier pinçait les lèvres. Qu'allait il arriver, exactement, maintenant...? Le jour du réveillon... Non. Une dispute n'était pas concevable... Pas vraiment.

    [...]


    L'enfant se tenait droit et fier, comme un prince. Son regard ne se baissait pas. Il avait cette noblesse des West qui ressortait par tous les pores de sa peau. Cette arrogance, cette insolence s'insinuaient en lui au point de posséder tout son être. Il était dès lors Abaddon West. Son père restait en face de lui, et son regard balayait la salle autour. C'était la salle avec le piano. Son père était le monde d'Abaddon, son idole, son Dieu, mais pour rien au monde il était question d'abandonner sa fierté contre son idole, pour la seule et bonne raison qu'ils étaient tous les deux fiers. L'un et l'autre, fiers comme des loups blancs... un peu trop fiers.

    « Tu n'aurais jamais dû la gifler. Et surtout pas pour défendre un domestique, Abaddon... »
    « Jarodd n'est pas qu'un domestique. C'est mon ami. » Son regard se fit soudainement dur.
    « Et quoi? Bientôt tu vas me dire que tu préférés Jarodd à ta sœur! »
    « Papa... » Un reflux de colère exaspéra le père qui s'emporta.
    « Ah non! Continues ainsi, et je renvois Jarodd! Je t'ai déjà expliqué l'importance de la famille, Abaddon? Non? Et ne t'ai-je pas dit combien il était important que tu préfère ton sang à tes amis? »
    « Papa... Anaël a dit à Jarodd qu'il n'était qu'un larbin. Ça n'est pas poli, et pas gentil. »
    « Était-ce une raison pour la gifler? »
    « Oui. »

    La porte s'ouvrit alors et la visage pâle d'une grande femme contrasta avec la laideur de la pièce devenue trop sombre pour le jeune Abaddon.

    « Méphisto'? »
    « Attends dehors Lucy. Je n'en ai pas fini avec Abaddon. »
    « Oui... je comprends. »

    Lucy n'était qu'une vulgaire abréviation de Lucypher. Un drôle de prénom, non? Méphisto était quant à lui le diminutif commun de Méphistophélès, qui était le prénom de son père. Encore un drôle de prénom. La famille West collectionnait les bizarreries, et pas seulement dans leur prénom. Abaddon resta quelques minutes muets puis il sentit son père s'énerver en silence.
    La force qui se dégageait de Méphistophélès West était impressionnante et inquiétante à la fois. Il leva le regard vers son père mais les baissa aussitôt. Les pieds de la chaise avaient gelé alors que le West ne bougeait pas. Son être entier était d'une froideur sans égale. Car c'était ça, la plus inquiétante singularité de la famille West : l'héritage de Syzka.

    « Tu ne peux pas comprendre, Abaddon. Tu n'es pas en âge de comprendre le poids de la malédiction qui pèse sur nos épaules, comme tu n'es pas en âge de comprendre ton rang et ta place dans cette société. Si tu ne t'affirmes pas plus, crois-tu réellement que les autres te respecteront? »
    « La violence ne résout rien. » Le gamin grelotta alors que la glace gagnait les accoudoirs de la chaise de son père. « Cependant, je ne regrette en rien mon geste. »
    « Qui es-tu pour juger ce qui est bien et mal en ce monde? » Il y eut un rictus malfaisant. « Nous commettons tous des erreurs. Le premier pas vers le pardon est le repentir et la rédemption. » Il se leva de sa chaise, ses mains recouvertes d'une fine pellicule blanche. « Le repentir et la rédemption s'accommodent avec les prières et la confession. »

    Abaddon savait ce qui aller se passer et ne bougea pas. Son regard resta sur cet homme et il ne fit aucun mouvement pour éviter la lourde main qui s'abattit sur son visage avec une violence inouïe. Sa tête tourna brutalement sur le côté qu'il cru en avoir les vertèbres déplacés, mais la seule douleur qu'il ressentit ensuite fut celle de sa peau gelée et brûlante à la fois, et la souffrance, lascive, remontant jusque dans son crâne. C'était fini. Abaddon sentit les larmes montaient jusqu'à ses yeux et renifla. Les larmes ne coulèrent pas. Dans l'obscurité de la pièce, il sentit un courant froid, et il su à ce moment là que si ses larmes avaient été aussi pur que son âme, elles auraient gelé de par le froid. Il soupira et un nuage de buée s'envola devant lui. Devant lui, ce père tant respecté venait de prendre un sacré gifle, un sacré coup de vieux. C'était l'évidence même : il n'était pas là. Ce père absent, Abaddon ne le connaissait pas. Il l'admirait aussi longtemps qu'il était loin. Le père comprit que son fils avait comprit ce qu'il voulait à tout prix qu'il comprenne. Il fit un signe vers la porte. Abaddon recula la chaise et se dirigea vers la porte, sachant que son père avait besoin de temps dans ces cas là pour ne pas s'énerver. Il ouvrit la porte et se stoppa, entendant la voix caverneuse de son paternel résonnait.

    « Je vois que Walter n'a pas fait son devoir... Quelle mauvaise éducation, mon fils... »

    Le cœur d'Abaddon se serra atrocement. Méphistophélès venait de toucher la corde sensible. Il referma la porte et regarda le pas de la porte. De la glace venait de condamner cette dernière. Il se dirigea lentement vers le salon où il pensait trouver sa mère, mais il n'y eu personne pour l'attendre. Seulement des chaises. Durant trois jours, il ne verrait pas Walter. Il était malade, comme chaque année. Une maladie « chronique », soit disant. Abaddon savait très bien que Walter restait tout simplement en haut, au troisième étage, durant cinq jours. Jarodd lui apportait des plateaux repas tous les jours. Il le savait, il voyait tout sans qu'on ne le sache vraiment. Abaddon se mit à table et attendit quelques secondes avant de sentir l'envie extrême de voir Iason ou Jarodd. Pas Walter, car il était « malade ». L'enfant se leva et alla vers les chambres du troisième étage, là où il était sûr de trouver Iason.

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Abaddon F. West
    qu'importe la
    victime si le geste
    est beau

Abaddon F. West


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MessageSujet: Re: « Un Icare abîmé par la mer. » BG.   « Un Icare abîmé par la mer. » BG. Icon_minitimeSam 31 Jan - 3:15

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    Le troisième étage était destiné aux chambres d'hôtes et aux chambres des employés. Jarodd, Walter et Iason y dormaient donc. Abaddon dormait dans sa chambre au deuxième étage, mais durant l'automne, quand les orages se faisaient violents, il montait discrètement dans une des trois chambres. Il n'avait jamais vraiment aimé les orages... et surtout, la foudre. C'était la colère de dieu, disait Lucypher, mais il n'était pas même sûr que Dieu existait vraiment. L'enfant regarda le corridor et se posa une question presque existentielle. Il ferma les yeux et se mordit les lèvres. A droite, le corridor menait à la chambre de Walter, et à gauche, les chambres de Jarodd et Iason. Il fit un pas pour aller vers la droite quand il entendit une porte s'ouvrir. Il s'immobilisa.

    « N'y pense même pas, petit Prince. Walter est fatigué, il faut le laisser tranquille. »

    Iason venait de découvrir l'enfant en flagrant délit. Il s'arrêta et tourna les talons, rejoignant lentement le grand blond qui se tenait appuyait contre la porte de sa chambre. Iason était l'homme le plus grand que connaissait Abaddon. Grand à la fois de taille et d'âme. Ses aïeuls venaient de l'Europe de l'Est, et suite à la première guerre moniale, ils étaient venus en Amérique, s'expatrier. Il était l'un des seuls blonds, vrais blonds ceci dit, qu'il connaissait. Iason avait commencer à lui apprendre le Norvégien et le Russe, mais Abaddon avait plus de mal avec ces langues qu'avec le Français ou l'Italien. C'était... les sonorités. Il préférait chanter que de rouler les « r » comme il devait le faire en Allemand. Il regarda Iason qui ne bougea pas, son regard toujours distant accrochant les prunelles vertes de l'enfant.

    « Qu'est-ce que tu veux, morveux? »
    « Pourquoi Walter est toujours malade...? »

    Le blond ne répondit pas et haussa les épaules d'une manière désinvolte. Une réponse n'aurait pas été plus claire de la part du russe. Avec son accent dur, Abaddon avait parfois du mal à le comprendre. Iason n'avait pourtant jamais connu d'autre terre que Sheridan, mais il fallait croire que les racines étaient plus importantes. Lui aussi était un « maudit », selon les règles. Sa mère était native de Sheridan, mais elle n'était pas vraiment maudite. En faite, il s'était fait chasser de chez lui quand il eut quinze ans. C'était un des rares maudits à avoir trouver un job à Sheridan, avec Jarodd et Walter en réalité. Abaddon s'accrocha à la cuisse de Iason et respira.

    « Walter me manque, Iason... »
    « Je sais. »

    Il sentit la large main rugueuse du russe se posait sur le haut de son crâne, la tapotant comme s'il n'avait été qu'un petit chat, lui aussi, tout comme Jules. Il aurait bien ronronné, mais ça n'était pas dans ces capacités. Iason, malgré ses airs bourrus et ses épaules larges, était l'un des hommes les plus doux et les plus sympathiques qu'Abaddon eut connu. Seulement, il avait décidé qu'il n'aurait jamais d'enfant, afin de ne pas leur faire subir la malédiction dont il était l'objet. Un peu comme Jarodd. Iason maîtrisait ainsi la Pierre et Jarodd le Fer. Il n'y avait que Walter qui avait toujours refusé de dire ce qu'il maîtrisait. De la même façon, Lucypher maîtrisait les plantes, une sorte de nouvelle Cérès, et Méphistophélès maîtrisait la Glace. Enfin, Anaël maîtrisait tout simplement les lumières. Lumière... Il n'y avait qu'Abaddon qui n'avait pas encore connu sa « malédiction ». Et après tout, il ne voulait pas. Ça ne lui aurait pas servi. Il resta accrocher quelques secondes à la cuisse d'Iason jusqu'à que quelqu'un monte les escaliers. Abaddon sursauta en apercevant le visage sombre de son père en haut des escaliers. Que...?

    Il ne bougea pas et le regarda marcher lentement, comme un fauve, jusqu'à la chambre de Walter. Sur ses traces, une fine couche de glace marquait le sol et fondait aussitôt que son pied quittait le sol. Quand sa main se posa sur la clenche de la porte, cette dernière se gela aussitôt. Abaddon n'entendit que le cliquetis de la porte et vu disparaître la silhouette de son père. Il leva aussitôt de la tête vers Iason qui ne dit rien et regarda l'enfant.

    « Je n'aime pas les enfants qui posent trop de questions. »
    « Je sais, Iason, mais... » Abaddon pinça les lèvres. « Pourquoi Papa est allé dans la chambre de Walter si il est malade...? »
    « Ton père va souvent lui parlé. Il veut voir comment il va... c'est tout. »

    Abaddon regarda Iason et resta quelques secondes plus muet. Pourquoi ajouter un « c'est tout » à la fin de la phrase? L'enfant de sept ans était plus intelligent qu'il ne le montrait. Il plissa le nez et haussa les épaules, un fin sourire sur les lèvres. Qu'importe. Il l'apprendrait une autre fois et d'une autre bouche. Il l'apprendrait car cette maison était la sienne et que les murs ont des oreilles. En bas, la porte venait de grincer. Il n'était que neuf heures, ils ne mangeraient que dans deux heures. C'était sans doute ses grands parents. Abaddon serra un peu plus la cuisse d'Iason, au point de s'en faire mal. Il voulait mourir. Il venait de vivre dans la même journée la plus grande perte de sa vie, l'illusion, et venait de gagner la plus violente victoire, la réalité.

    C'était déjà beaucoup trop pour un enfant de sept ans.



      « Elle irradie l'obscurité dont il est fait et la rend plus obscure encore. »
      « Grande Jonction » de Maurice G. Dantrec.


      « Le tableau de Thomas Couture, « les Romains de la Décadence », ne sont rien face à la déchéance où tombe peu à peu mon cœur, dans les noirceurs abyssales. Un premier péché en entraîne un autre, tel est le sort réservé aux pécheurs. Je souris doucement quand on me le fait remarquer. J'aime cette idée. Alors quand vous me dîtes de faire attention à mon âme, je vous souris donc ironiquement. Que croyez-vous?

      De la part d'une Faucheuse, je ne fais que ça.

      Rien ne sert de vouloir comprendre, c'est une question de logique. Ma vie entière est résumée par un mot : la Mort. Alors maintenant, ais-je réellement à craindre du dernier instant? Non. Je suis un peu comme une cigarette a moitié fumé, jetée sur le pavé, en plein vent : je me consume lentement de moi même, sans avoir besoin de quelqu'un.

      J'emmerde ma déchéance imperceptible et votre rédemption ostentatoire
      .  »
      Extrait du Journal « Autodestruction » d'Abaddon West, Juillet 2055.

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